Pédagogie
.
La
pédagogie est la science de l’éducation des
enfants. Il nous semble donc important de s’y référer
dans un contexte tel que le nôtre et non de privilégier
les aspects psychologiques, réflexe trop fréquent
dans les structures d’accueil de l’enfant.
Bien
entendu, nous restons vigilants aux difficultés rencontrées
par les enfants et si la situation le nécessite, nous l’analysons
du point de vue de la psychologie du développement de l’enfant.
Les
animateurs de Youplaboum définissent leur rôle comme
celui d’un guide disponible, ouvert et attentif à
l’enfant, un guide qui lui aménage un environnement
riche en occasions de découvertes ; qui propose, négocie,
coopère, encourage.
Il accompagne l’enfant dans son développement et
ses apprentissages ; il apprend grâce à l’enfant
et découvre autant que lui ; mais il est aussi l’adulte
qui garantit la sécurité.
Nous
insistons sur le fait qu’il nous semble primordial de vivre
au niveau des adultes les valeurs que nous voulons transmettre
aux enfants.
Principes éducatifs : bases théoriques
Nos
principes éducatifs se basent sur le mouvement des pédagogies
nouvelles, les théories de Carl Rogers et le courant de
l’éducation psychomotrice.
Les
pédagogies nouvelles
L’enfance
est une période autonome, finie en elle-même, mais pas seulement. C'est une période de préparation ; une période
ayant ses significations et ses visées propres
L’éducation
nouvelle pose comme loi primordiale de partir des besoins de l’enfant
-
Manipuler c’est apprendre
-
L’occupation
libre de l’enfant est la base de son développement
-
Le
rôle de l’éducateur consiste à créer
un milieu dans lequel toutes les notions sur le développement
de l’enfant puissent être appliquées
-
L’éducateur
doit adopter une attitude d’observation
-
Une
condition essentielle pour l’éducation nouvelle
: la personnalité de l’adulte-éducateur
(compréhension de l’enfant, adaptation à
sa forme d’esprit et de caractère, autorité,
sérénité, capacité de se remettre
en question)
-
S’ouvrir
sur la vie
Quelques
noms : M. Montessori, O. Decroly, C. Freinet, Pestalozzi , Froëbel
top
Les
théories de Rogers
-
Rogers
est connu pour son idée-phare : la non-directivité.
Selon lui, l’éducateur est quelqu’un qui
est là pour aider l’enfant à évoluer
librement, il s’adapte aux besoins de la situation concrète,
la fait évoluer et intervient quand les événements
le nécessitent.
Il propose, mais n’impose pas. Ses efforts doivent être
concentrés sur le développement d’une relation,
un climat conduisant à une connaissance autonome, personnelle
et authentique.
Rogers préconise donc un climat de liberté, dans
lequel l’enfant peut vivre ses émotions et ses
pulsions de manière symbolique ; mais il faut veiller
à ce qu’il n’y ait pas de passage à
l’acte dans la réalité, car celui-ci peut
entraîner un sentiment de culpabilité et restreindre
la liberté psychologique.
Rogers définit quatre concepts fondamentaux quant aux
attitudes de l’éducateur :
-
la
congruence : c’est l’accord entre l’expérience
que vit une personne, la prise de conscience qu’elle en
a et la communication qu’elle en fait.
-
l’authenticité : c’est la « qualité
de celui qui , parce qu’il est congruent, devient intégré
et unifié, et peut donc être ce qu’il est
au plus profond de lui-même, exprimant ouvertement les
sentiments et attitudes qui l’envahissent . » Rogers
-
l’empathie : c’est la capacité de ressentir
l’intensité émotionnelle exprimée
dans le message de l’interlocuteur et les significations
qui s’y rattachent ; et donc d’entrer dans l’univers
de l’autre pour le sentir de l’intérieur,
comme si on était cet autre.
-
la considération inconditionnelle : la considération
est la tendance générale des réponses affectives
d’une personne pour une autre, exprimant des sentiments
de respect et de reconnaissance, et contribuant à accepter
« autrui-comme-autre-que-moi », comme une personne
à part entière avec des droits propres. La base
de son inconditionnalité réside dans la reconnaissance
de la personne quels que soient sa situation, son comportement,
ses sentiments.
top
L’éducation
psychomotrice
L’éducation
psychomotrice vise à développer les potentialités
de chaque enfant par son expérimentation active, son expression
libre et spontanée, et par l’exploitation de ses
productions positives.
Elle a pour objectif
de conduire l’enfant vers une maîtrise de soi grâce
à l’expression symbolique de ses émotions
et ses pulsions.
Elle développe
la communication entre enfants.
Elle définit
les rôles et attitudes de l’adulte :
s’accepter soi-même, connaître ses limites,
« être bien dans sa peau »
- - être authentique
- - être empathique
- - garant d’une
« sécurité-loi »
- - considérer
l’enfant comme une personne à part entière
- - être présent
à ce qui se passe et à chaque enfant
- - être partenaire
de l’enfant
- - encourager et
sanctionner (ponctuer l’action de l’enfant)
Quelques
noms : B. Aucouturier, A. Lapierre
top
Objectifs pédagogiques
L’épanouissement
de l’enfant
Épanouir
c’est « amener quelqu’un à s’extérioriser,
à exploiter ses dons naturels, et par là, le rendre
joyeux » Foulquié
Quelques
indicateurs généraux : le développement harmonieux
de l’enfant, son plaisir dans l’activité spontanée,
sa participation dans ses relations avec l’adulte ; la joie,
le bonheur, le plaisir et le sourire
Quelques
indicateurs dans le domaine individuel : un enfant bien dans son
corps et dans sa tête, autonome, détendu, qui a confiance
en soi et s’accepte.
Quelques
indicateurs dans le domaine social : la curiosité et l’intérêt
de l’enfant, sa capacité à communiquer, à
s’adapter à toute situation, à découvrir,
rencontrer et être en harmonie avec soi et les autres.
Nous
avons donc un souci constant de valoriser et actualiser les potentialités
inhérentes à chacun en aménageant en permanence
l’environnement matériel et social.
Mais
attention : « Rien ne prouve que l’épanoui
soit généreux, honnête et courageux »
nous dit Reboul. Il s’agit donc de nous donner conjointement
à cet objectif d’épanouissement, d’autres
qui transmettraient des valeurs tournées vers les autres.
L’autonomie
de l’enfant
Quelques
indicateurs : un enfant capable de se « débrouiller
», de prendre des initiatives, de s’adapter, de résoudre
des problèmes, un enfant qui affirme sa différence,
son projet, qui peut demander de l’aide et en apporter.
Il
y a deux aspects à l’autonomie : « agir pour
soi-même et non sous la contrainte et choisir des objets
et des partenaires pour exprimer son idée » Vayer
Nous
veillons à ce que l’environnement social donne accès
à la confiance en soi et à l’autonomie de
l’enfant grâce à sa reconnaissance et son acceptation
par les autres. D’autre part, nous structurons l’environnement
matériel afin qu’il puisse s’y reconnaître
et s’y repérer et par là se prendre en charge.
Soulignons
que l’autonomie se construit à partir de l’activité
libre qui part de l’intérêt de l’enfant.
Elle vient de la liberté pour l’enfant de s’organiser
et de progresser en ayant un soutien au moment où il en
a besoin. Evitons donc le paradoxe de parler « d’apprendre
l’autonomie », mais mettons en place l’organisation
qui favorisera son développement.
La
socialisation de l’enfant
Quelques
indicateurs : l’enfant qui communique, écoute, échange,
dialogue, respecte les limites et les règles, la cohésion
du groupe, la solidarité, le partage,
«
Le groupe est le milieu privilégié grâce auquel
l’enfant se perçoit, perçoit l’autre,
perçoit les autres. C’est en prenant conscience du
fonctionnement interactif du groupe que la personnalité
individuelle se modifie dans le sens d’une meilleure insertion
et d’un accroissement de la communication. » D.G.
de l’organisation des études
Dans
le groupe, l’enfant peut comparer son activité à
celle des autres ; c’est la différence et la prise
de conscience de cette différence qui favorisent le progrès.
Le groupe aide aussi à évoluer car chacun reçoit
des autres une impulsion, un appui qui l’aident à
franchir les obstacles. C’est donc dans la vie de groupe,
où chacun a sa place, que se fait l’apprentissage
des règles sociales.
L’expression
de l’enfant
Quelques
indicateurs : un enfant qui exprime sa pensée verbalement
et via différents médias (plastiques ou corporels),
qui dit ses besoins, ses émotions et ses sentiments, qui
peut demander, qui franchit des obstacles
Reboul définit l’expression comme « extériorisation
de soi ». N’a-t-elle donc pas été évoquée
à maintes reprises dans les notions d’épanouissement,
d’autonomie et de socialisation ?
L’éveil
de l’enfant par les activités
Quelques
indicateurs : l’enfant qui participe, questionne, observe,
expérimente, met en relation
« C ‘est l’action qui conduit l’enfant
à la connaissance par un triple mouvement : l’expérience,
l’explicitation et la coexistence des deux. » Snyders
Par les activités que nous proposons et les thèmes
que nous choisissons, nous souhaitons répondre à
la curiosité naturelle de l’enfant et lui faire découvrir
le monde environnant ainsi que ses compétences à
lui, ses capacités à intervenir sur ce qui l’entoure.
Nous désirons stimuler et enrichir sa soif d’apprendre,
l’aider à organiser ses connaissances.
Tout est occasion d’apprendre ; le rôle de l’éducateur
est de commenter, expliquer, nommer les choses, répondre
aux questions.
Le résultat des ateliers n’est pas notre souci majeur.
Ceux-ci constituent principalement des outils de découverte,
d’observation, d’expérimentation, de développement
de la créativité. Ils induisent des prises de conscience
: nos actes ont des conséquences sur notre environnement,
des dangers potentiels existent et des règles sont donc
à respecter.
Moyens et attitudes pédagogiques
L’activité
de l’enfant
Quelques
indicateurs : l’enfant qui participe, questionne, observe,
expérimente, met en relation
C’est grâce au corps en mouvement, les sens et les
sensations, par son action que l’enfant découvre
et expérimente le monde, ce qui lui permet de construire
ses connaissances. Pour ce faire, nous structurons le cadre grâce
à une organisation fixe mais souple qui assure la sécurité.
Nous proposons des possibilités d’activités
de telle manière que l’enfant a l’occasion
d’agir ou rester à l’écart. Souvent,
elles découlent du fait occasionnel, de l’événement
fortuit qui constitue le centre d’intérêt dominant.
Mais l’animateur peut aussi susciter l’attrait en
réaménageant l’espace, le matériel,
en offrant la possibilité de nouvelles découvertes,
de nouvelles expériences, afin de synthétiser harmonieusement
activité et intérêt dans le but de voir l’enfant
tout entier à ce qu’il fait.
L’attention
à l’enfant
Quelques
indicateurs : un animateur qui écoute, ouvert, présent,
disponible, accueillant, rassurant, compréhensif, respectueux
«
Attention : du latin, adtensio : attitude de celui qui est tendu
vers quelque chose » Foulquié
L’animateur
est tendu vers l’enfant, vers tout ce qu’il fait.
L’éducateur prend en compte et utilise ce qui émane
de l’enfant, ce qu’il sent, exprime et fait. Cette
attention à tout ce qui concerne l’enfant considéré
comme une personne à part entière, est la base sur
laquelle peut se construire une relation avec lui.
L’animateur
montre le chemin puis laisse l’enfant explorer, il intervient
pour éviter le faux-pas ou la chute, il guide parce qu’il
connaît le terme de l’étape ; mais il laisse
le choix de l’itinéraire. L’animateur est à
l’écoute pour faire évoluer les situations
L’observation
Le
regard de l’adulte vers l’enfant est un mode de relation
: l’enfant se sent soutenu, peut rencontrer le regard de
l’adulte qui le suit ; l’enfant n’est pas abandonné
quand il est actif seul. Carels et Manni
Le
regard, c’est aussi l’outil de l’observation.
Celle-ci porte sur des faits concrets tels que l’activité
de l’enfant, ses contacts avec l’adulte et avec ses
pairs. Elle permet à l’éducateur d’atteindre
plusieurs objectifs : répondre à des problèmes
posés par l’enfant et contrôler son propre
travail.
En
effet, l’observation permet de connaître et comprendre
l’enfant, de répondre à ses demandes, de s’ajuster
à ses besoins, d’intervenir de manière adéquate
en s’adaptant à la personnalité de chacun.
Par
l’observation, l’animateur reçoit un feed-back
des enfants par rapport à ses comportements à lui,
et ainsi peut-il les réajuster.
Son
activité d’observation installe un climat de confiance
qui permet à l’enfant de découvrir de manière
autonome, hors des attentes des adultes.
La
confiance mutuelle
Elle
s’envisage dans tous les sens et entre tous les acteurs
: entre adultes d’abord (entre animateurs et entre parents
et animateurs) pour pouvoir également exister entre enfant
et animateurs et entre les enfants eux-mêmes. Elle se construit
grâce à un climat de respect ,d’acceptation
de l’autre et de dialogue.
Règles
et limites
Toute
vie communautaire nécessite des règles. Il en existe
pour tous les acteurs de Youplaboum : enfants, parents, animateurs.
Les règles adressées aux enfants sont générales
:
· respect de l’autre et de soi, dans son intégrité
physique, sa culture et sa différence
· respect de l’environnement et du matériel
· respect des horaires et des espaces de jeu
Dans des cas particuliers, les animateurs peuvent être amenés
à formuler des petites règles plus précises.
Le
travail d’équipe
L’équipe
est une richesse qui permet de penser et organiser les activités
ensemble, mais aussi réfléchir, échanger
des avis, partager des compétences, confronter des valeurs,
trouver des solutions aux difficultés rencontrées.
L’envie
d’apprendre et la motivation des animateurs
Les
animateurs sont aussi curieux que les enfants de toujours apprendre
et découvrir. Ils sont toujours prêts à expérimenter
de nouvelles voies, élargir leurs connaissances et épanouir
leur créativité. Ils sont enthousiastes à
la nouveauté et le plaisir est le moteur de leur travail.
La
pluridisciplinarité de l’équipe
Les
équipes sont pluridisciplinaires et mixtes, ce qui permet
une réelle complémentarité, une diversification
des activités et un échange permanent entre différents
points de vue. Les animateurs ont souvent une formation artistique,
parfois une formation centrée sur l’enfant ; ce qui
compte pour nous, ce ne sont pas les diplômes mais leur
ouverture et leur curiosité au monde, leurs qualités
de relation avec les enfants et leur capacité d’écoute,
de se questionner, de collaborer et de s’adapter.
Certains animateurs circulent d’un projet à l’autre
(Youplamini, activités du mercredi, Youplavacances), selon
leurs souhaits et les possibilités, ce qui permet une synergie
entre les différents projets.
Un
climat de plaisir et de créativité empreint d’un
esprit ludique
Cliquez
ici pour voir quelques photos :-)
Les
attitudes des animateurs dans la vie quotidienne
·
L’accueil
Nous
accordons beaucoup d’importance à ce moment : de
lui dépendra en grande partie l’atmosphère
de la journée. Tous les enfants, ainsi que leurs parents,
sont accueillis dans les espaces vert et bleu (1er étage)
entre 8h30 et 9h15.
C’est l’occasion pour les animateurs d’avoir
des échanges avec les parents, pour ceux-ci de se rencontrer,
de connaître tous les enfants, de faire d’éventuelles
recommandations (alimentation, sieste, soins médicaux,...)
et de prendre connaissance du programme de la journée,
pour les enfants également : ils peuvent aussi prendre
le temps de se séparer de leurs parents.
·
Les repas
C’est
un moment de retrouvailles pour terminer la matinée. Il
se déroule dans un climat de détente et de convivialité.
Les animateurs participent au repas, sont assis à table
avec les enfants et il n’est pas rare d’assister à
des « débats philosophiques ».
Nous n’obligeons jamais un enfant à manger, mais
nous l’encourageons vivement à se nourrir un minimum.
·
La sieste
Les enfants vont se
coucher au fur et à mesure qu’ils ont terminé
de manger et se sont lavés les mains. Ceci se fait dans
le calme. Les animateurs disent un petit mot à chacun pour
les préparer sereinement au sommeil.
Tous les enfants jusque trois ans font la sieste : c’est
quand on dort que les hormones de croissance font le meilleur
boulot !
Nous profitons du lever pour avoir une relation individuelle avec
chaque enfant et leur permettre quelques expériences vers
l’autonomie (mettre son lange dans la poubelle, s’habiller,
habiller les autres, …)
Nous ne réveillons pas les enfants sauf si les parents
nous le demandent.
·
Les ateliers
Les
animateurs installent l’atelier, rassemblent les enfants
et leur expliquent l’activité. Ensuite, les enfants
participent ou jouent librement dans l’espace aménagé
à cet effet. Ceci permet aux animateurs de s’occuper
plus individuellement de chaque enfant. Bien sûr, ils encouragent
tous les enfants à participer à un moment ou à
un autre. Ils stimulent les enfants moins intéressés
par d’éventuelles autres propositions.
Pour les enfants plus grands, un moment d’activité
ensemble est souvent imposé.
L’animateur rappelle les règles pour chaque activité
(exemple : on met un tablier pour faire de la peinture).
·
Les départs
Ce
moment est aussi une occasion d’échanger avec les
parents. Ceux-ci ont souvent plus de temps que le matin. Nous
leur disons donc un petit mot sur la journée de leur enfant,
racontons à l’occasion une anecdote, discutons le
« coup » si une difficulté est abordée
(si cela nécessite plus qu’un petit échange,
nous prenons rendez-vous pour être tout à fait disponibles).
L’évaluation
du travail
En
fin de période (année scolaire, vacances, contrat)
la directrice a un entretien individuel avec chaque animateur
sur l’évaluation de son travail, sa satisfaction
dans l’équipe et dans l’institution et ses
projets. Ensuite, nous faisons un bilan collectif, sous forme
ludique, souvent préparé en petits groupes et animé
par la directrice. Ce bilan se déroule en deux temps :
un réel temps de bilan mais aussi un moment pour envisager
les perspectives.
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